CEREMONIES DE SACRE DU NOUVEL EVEQUE DE BUBANZA

CEREMONIES DE SACRE DU NOUVEL EVEQUE DE BUBANZA

Le samedi, 05 avril 2025, au stade provincial de Bubanza, se sont déroulées les cérémonies inénarrables de l’ordination épiscopale de S.E. Mgr Emmanuel Ntakarutimana, prêtre de l’Ordre des Frères Prêcheurs, par les mains du Nonce Apostolique au Burundi, S.E. Mgr Dieudonné Datonou entouré de l’Archevêque de Gitega et Président de la CECAB et de l’Evêque de Ngozi jusqu’alors Administrateur Apostolique de ce diocèse.

Avaient pris part à l’événement tous les membres de l’épiscopat du Burundi, plusieurs évêques du Rwanda, S.E. Mgr l’Archevêque de Cotonou au Bénin, un Frère Représentant le Supérieur général des Frères Dominicains, les Membres de cet Ordre dont les moniales dominicaines de Rweza, plusieurs centaines de prêtres, de religieux, des représentants de l’Administration civile, militaire et policière sans parler d’une marée humaine de fidèles venus de tous les coins du diocèse et d'ailleurs.

Le ciel parsemé de nuages nous a gratifié d’un climat radieux, ensoleillé, tout prêt au rendez-vous pour agrémenter la fête. Une chorale dont les membres floraient plusieurs centaines de jeunes, exécuta allègrement le chant liturgique composé de morceaux bien choisis, populaires, entrainant spontanément à la prière et connus de la majorité de l’assemblée sous les prestations de qualité du joueur virtuose du piano sachant harmonieusement conjuguer le rythme et les voix des chanteurs. Comment ne pas évoquer les tambourinaires apprêtés pour accueillir le nouveau pasteur tant attendu !

Une grandiose et longue procession s’ébranla à partir d’une salle provinciale vers le stade. Le passage était bien bordé et balisé par des membres des MAC, des éléments de la Police, des chrétiens mêlés de badauds venus, certainement contempler pour la première fois une telle merveille. Au début de la concélébration présidée par Le Nonce Apostolique, la bulle de nomination a été lue et traduite en Kirundi.

Au cours de son homélie, le Nonce Apostolique a indiqué que l’assemblée s’est réunie pour faire monter au Seigneur son action de grâces pour le don du nouveau Pasteur. Il a rappelé que les successeurs des Apôtres doivent rester unis sous l’autorité du Vicaire du Christ ; il a indiqué que leur présence à cette cérémonie est le signe de la communion qui les place au cœur de la catholicité. Il a remercié au nom du pape la preuve d’attachement filial et la compassion manifestée pendant ces jours de traversée de la maladie. Il a transmis la bénédiction apostolique aux pasteurs et aux communautés. Il en a profité pour annoncer l’autorisation du saint Père à construire dans le diocèse de Ruyigi un nouveau séminaire propédeutique en mémoire de feu S.E. Mgr Aidan Michael Courtney, Nonce apostolique au Burundi, d’heureuse mémoire, tragiquement abattu à Minago en 2005.

S’adressant au nouveau pasteur - à qui il a prodigué beaucoup de conseils - et se référant aux textes liturgiques choisis pour ces cérémonies, le prélat lui a fait savoir que Moïse a trouvé en son beau-père, Jethro,  un conseiller avisé pour l’aider à réaliser la mission reçue de Dieu. Ainsi donc, il saura lui aussi l’écouter à travers la Parole de Dieu et d’autres personnes et les situations diverses. La Parole de Dieu doit demeurer source d’inspiration et finalité de toute activité épiscopale : annoncer la Parole avec fidélité, briller par une conduite digne, ne pas avoir peur de s’engager. A travers les évêques, c’est Dieu lui-même qui conduit son peuple même dans les tempêtes de la barque, a-t-il poursuivi.

Aux prêtres, il a demandé d’être des hommes de valeur, de ne pas laisser le pasteur solitaire devant les difficultés ; trouver en lui un serviteur comme Moise envoyé pour enseigner, sanctifier et gouverner. Ils devront l’aider accomplir avec le plus grand soin les tâches apostoliques qui lui reviennent ; il est à la tête de la communauté diocésaine à l’instar de la ‘‘fourmi maya’’ ; il est en même temps comme la reine mère des fourmis pour assurer le renouvellement du groupe ; si l’une des qualités manquent la colonie des fourmis se disperse et dépérit.   De même sans le pasteur, demeure le risque pour la communauté de se disperser, et  en son absence survient la menace de l’Eglise en son existence même. Savoir constamment consulter le pasteur et lui obéir ; ne pas se tromper d’adresse.

Aux évêques, il a rappelé l’appel et la mission qui les ont conduits jusqu’à Bubanza pour exprimer la communion à cette Eglise locale. Ils seront vigilants au niveau de la dignité de la célébration liturgique afin de prévenir toute déviation pouvant porter préjudice à la grandeur du Mystère célébré. C’est pourquoi, a-t-il martelé, les fidèles politiques et militaires, doivent savoir que seuls les ministres ordonnés sont habilités à s’exprimer au lieu de culte. Les évêques sont appelés à faire observer cette règle dans leurs diocèses respectifs.

Un clin d’œil théologique a été fait au nouveau pasteur, fils de Saint Dominique. Afin de pouvoir être tout à tous, à partir de ce jour, l’Eglise le délie de ses voeux de pauvreté et d’obéissance pour se tourner exclusivement vers l’autorité du  siège apostolique. Il a terminé en exhortant toute la communauté des fidèles de Bubanza à prier sans cesse pour leur Pasteur. Au moment de l’ordination, après moult conseils et exhortations Mgr le Nonce Apostolique, a remis les insignes épiscopaux au nouvel évêque : la chrismation de la tête, l’Evangéliaire, l’anneau, la mitre et le bâton (crosse) pour faire paître le troupeau du Seigneur. Chaque insigne était assorti d’une brève explication relayée par le commentateur.  Après, l’Evêque consécrateur à installé l’élu du jour sur le siège-cathèdre et lui a cédé la place pour poursuivre la sainte Eucharistie.

L’action de grâces terminée, le nouveau Pasteur a pris la parole pour adresser sa reconnaissance au Seigneur Maître de la vie, pour le don de l’Eglise, du diocèse de Bubanza, la grâce de l’épiscopat lui accordé malgré son indignité. Il a appelé le peuple de Dieu de Bubanza de l’accueillir, de travailler coude à coude pour relever les défis de l’heure. Il a évoqué sa devise : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 32). Il a insisté sur la vérité qui doit être sa grande préoccupation  tout en la couplant à l’amour: annoncer la vérité, faire la vérité, vivre dans la vérité. Parmi les défis à affronter, il en a souligné sept comme chantiers prioritaires :

  • effectuer des visites dans les paroisses  pour la prise de contact et affermir le don du sacerdoce ;
  • promouvoir la vie consacrée surtout masculine ;
  • accorder une attention renouvelée aux familles ;
  • s’atteler à la réconciliation pour la communion ;
  • redynamiser l’auto-prise en charge  tout en restant ouvert à la solidarité ecclésiale;
  • construire une nouvelle église-cathédrale ;
  • renforcer la foi en un Dieu unique au moment où pullulent beaucoup de nouveaux mouvements religieux.

Pour un fonctionnement optimal de la vie du Diocèse, l’Evêque a pourvu à quelques offices. Ainsi, il a reconduit certains prêtres dans leurs fonctions antérieures dont le Vicaire général, l’Econome Général et les Vicaires épiscopaux. Il a terminé en souhaitant la paix dans tous les aspects existentiels de la vie de ses fidèles, dans la vie de chacun parmi les siens et ses biens.

Au moment où la procession regagnait le chemin de retour, une ‘‘bénédiction’’ d’une légère pluie, a failli provoquer la panique et perturber le mouvement. Heureusement, on se rendit compte qu’on avait eu plus de peur que de mal. La pluie, telle une brise légère jusqu’à la ‘‘salle vestiaire’’, a accompagné les célébrants et s’est alors qu’elle s’est bien déversée, par après, pour mouiller une bonne partie des fidèles. Bref, ce fut une merveille comme célébration même si au départ la sono semblait se complaire à des parasites, des bruits de canal, mais vite dissipés. Dieu bénisse le Diocèse et son nouveau Pasteur.

Vous saurez que sa nomination est tombée le 15 février 2025 et proclamée solennellement par le Nonce Apostolique lors de la célébration du Jubilé centenaire des deux premières ordinations sacerdotales à Mugera. Mais au juste, qui est le troisième évêque de Bubanza? Quelles charges a-t-il assuré jusqu'au jour de son ordination épiscopale tant ecclésiales que sociales? Nous vous présentons ici son curriculum vitae en langue nationale, le Kirundi, pour ceux qui le comprennent et vous souhaite une bonne méditation!

Abbé Eugène NSANZERUGEZE