VOTRE SUCCURSALE REVE-T-ELLE DE DEVENIR UNE PAROISSE ? VOICI COMMENT PROCEDER…
Ce samedi le 24 septembre 2022, la Paroisse Jésus Miséricordieux de Kirombwe a vu le jour. C’était au cours d’une célébration eucharistique qui était présidée par S.E. Mgr Gervais BANSHIMIYUBUSA, Archevêque de Bujumbura en présence de nombreux invités et d’une foule immense de chrétiens.
Cette succursale de Kirombwe allait fêter ses cent ans de naissance. Vieillissante, la promesse de devenir une paroisse datait de soixante ans. Dans la foulée, on peut se demander comment une succursale devient une paroisse. Serait-ce par bonté de l’Evêque, insistance du curé ou engagement des fidèles ? Loin de tout cela. C’est par sollicitude pastorale que l’Evêque, avec son Conseil presbytéral, décide de la fondation d’une nouvelle paroisse. Mais alors quelle est la procédure à suivre ?
Le Burundi s’apprête à célébrer dans la joie ses 125 ans d’évangélisation. En 1897, une Croix a été érigée à Misugi dans l’actuelle paroisse de Muyaga du diocèse de Ruyigi. Après des années d’enseignements, de célébration, de foi vécue en famille et dans les communautés, le peuple chrétien atteint un certain niveau de maturité. Certaines paroisses vont bientôt fêter leur centenaire. On note aussi des succursales qui ont toujours rêvé se hisser au rang de paroisse. La question qui surgit ici est celle de savoir comment une succursale devient une paroisse.
Pour répondre à cette question, il est sage de faire appel à la notion juridique de paroisse. Dans le Code de Droit canonique de 1983, le canon 515, § 1 précise : « Une paroisse est une communauté déterminée de fidèles, constituée durablement au sein de l’Église particulière, dont la charge pastorale, sous l'autorité de l'Évêque diocésain, est dévolue à un curé, pour qu'il en soit le pasteur propre ». Ce paragraphe est normatif : à chaque paroisse est attribué un curé, titulaire de la charge pastorale. Pour correspondre à cette norme, le conseil presbytéral travaille, sous la houlette de l'évêque (cf. § 2), à la restructuration du tissu territorial.
De même, le paragraphe trois (§ 3) dispose que « la paroisse légitimement érigée jouit de plein droit de la personnalité juridique ». Elle est canoniquement une personne juridique publique par disposition du droit lui-même. Cela signifie notamment que :
- La paroisse est sujet de droits et d'obligations, érigé à des fins spirituelles et pour la mission de l'Église ;
- C'est le droit universel qui définit ce qu'est et doit être une paroisse, non quelque « concession spéciale » (c. 114, § 1 / CIC 83), ou quelque arrangement local ;
- La charge de la paroisse est confiée par l'autorité compétente (l'Évêque diocésain) et non choisie par le curé ou par des fidèles ;
- La paroisse dispose de moyens financiers et d'un budget propre qui, dans les limites du droit, est élaboré en Conseil paroissial pour les affaires économiques.
- La paroisse n'est pas une communauté associative, mais une communauté hiérarchique : sa mission découle de la mission de l'Évêque diocésain.
- C’est donc à l’évêque d’ériger, de supprimer, de modifier les paroisses selon les dispositions du droit.
Il se comprend donc que l’ancienneté d’une succursale ne suffit pas pour qu’elle devienne une paroisse. Ce ne sont pas non plus les structures mises en place (moyens financiers) ni le dynamisme des fidèles qui poussent l’Evêque à fonder une paroisse dans une communauté. Au contraire, le manque de ces éléments peut constituer des raisons suffisantes pour organiser les fidèles en paroisse en vue du salut des âmes.
Les éléments majeurs pouvant pousser l’Evêque à constituer une communauté de fidèles en paroisse sont essentiellement les besoins spirituels des fidèles ; les distances parcourus par les fidèles pour atteindre les biens spirituels, le nombre de fidèles à servir ; la transformation des villages en centres urbains,…
Il faut noter ici qu’une succursale ne devient pas une paroisse mais elle devient le centre d’une paroisse dont les limites dépassent de loin celles de la première succursale. La maturité de cette dernière doit se matérialiser par son ouverture aux succursales et communautés de base voisines qui s'adjoignent à elle pour constituer la grande communauté paroissiale. Voilà pourquoi cette nouvelle paroisse reçoit de l’Evêque un saint patron qui l’unifie. Les centres de nouvelles paroisses ne sont pas toujours d’anciennes succursales. Voilà une autre raison pour laquelle ce ne sont pas les succursales qui « réclament » de devenir des paroisses. Il est de la responsabilité de l’Evêque qui, voyant les besoins des fidèles, décide de constituer ces derniers en communauté déterminée appelée paroisse.
Loin de tout plafond de verre, la procédure est simple. Chaque curé, après avoir entendu le conseil paroissial de pastorale désigne – selon les critères ci-haut évoqués – et envoie chez le Vicaire Episcopal le nom d’une zone de sa paroisse ou d’une succursale prioritaire, qui a vraiment besoin de devenir une paroisse. De même, au niveau du Vicariat, une liste de paroisses potentielles est constituée, par ordre de priorité. L’évêque choisira, après avoir entendu le Conseil Presbytéral, les prochaines paroisses, des listes provenant des vicariats.
Ainsi, le nœud de gordien défait, devaient prendre fin les réclamations courantes des succursales, des natifs et même de certains curés défenseurs des leurs succursales. L’esprit familial au niveau diocésain guidera ce processus pour marcher ensemble et construire une Eglise Famille des enfants de Dieu.
Michel NIYIBITANGA, CEDICOM