L'EQUIPE DE VIE AU SERVICE DE LA VOCATION SACERDOTALE

L'EQUIPE DE VIE AU SERVICE DE LA VOCATION SACERDOTALE

La communauté du Grand Séminaire Saint Jean Paul II de Gitega est suffisamment grande qu'il est fort possible d'être un séminariste anonyme. Pour relever ce défi, avant même que ne commencent les travaux de construction de ce Séminaire, l'idée centrale des concepteurs du plan de cette Institution n'était autre que former à la "vie en équipe", exactement comme à la manière de la première communauté chrétienne de Jérusalem.

En effet, le thème triennal du Grand séminaire Saint Jean-Paul II de Gitega traduit l’expérience de la première communauté chrétienne de Jérusalem : « Assidus à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle, la fraction du pain et aux prières» (Ac 2,42). Cette expérience des premiers chrétiens est frappante à tel point qu’il serait difficile de penser qu’elle est seulement une initiative humaine. N’est-elle pas de fait, une expérience humano-divine si bien que celui qui la vit pourrait sans doute dire : « Le Christ a rencontré ma vie, il est le point névralgique de toute ma vie.  En lui se résume toutes mes attentes, mes désirs, mes sacrifices et tout mon amour pour les personnes auprès desquelles il m’a placé. » Voilà sur quoi le séminaire doit construire ce projet de vie.

Dans le discours inaugural de cette année de formation, le Recteur du Grand Séminaire disait : « Pour que la vie en équipe réussisse, la toute première activité, c’est l’écoute de la Parole de Dieu ainsi que la prière… ; l’évangile rendu vivant en nous par l’Esprit Saint qui doit animer notre vie de baptisé et faire grandir en nous l’homme nouveau. Si nous ne prions pas ensemble, il est difficile de se détendre ensemble. » Cette expérience sous-jacente nous conduira à l’évidence d’une compagnie des frères qui cheminent ensemble dans l’Esprit. Il me vient à l’esprit l’expérience du prêtre italien Luigi Giussani fondateur du Mouvement Communion Libération qui, aujourd’hui, regroupe beaucoup de mal de jeunes du monde. Il disait : « La compagnie à laquelle il a été introduit est une émergence du corps du christ. C’est la compagnie vocationnelle, c’est-à- dire cette compagnie qui nous implique où elle génère l’expérience et où elle est générée par l’expérience dans laquelle le charisme nous a touchés. »

Une communauté à démassifier

Dans son discours d’ouverture de l’année de formation, Mr l'Abbé Martin SINUMVAYAHA, Recteur de ce Séminaire, constate que tout a été prévu pour ne pas vivre incognito. Il disait : « Dès le moment où on pensait construire ce grand séminaire, l’idée était d’organiser la communauté sous forme des équipes de vie. Et cela transparaît dans le procès-verbal de la première réunion pour penser au plan de construction. Il suffit de voir comment les premiers pavillons sont disposés : 12 chambres pour les séminaristes, un appartement pour un formateur, justement comme l’équipe des douze et Jésus avec eux… » Voilà ce qu’on veut découvrir à partir des équipes de vie pour établir des relations réelles et pouvoir cheminer ensemble. C’est pourquoi, pour relever ce défi, tout le séminaire (séminaristes et formateurs) est appelé à un changement de mentalité pour porter à un autre niveau les liens qui se tissent entre séminaristes et formateurs. Au séminaire, comme précisé dans la Ratio fondamentalis, « la relation fraternelle ne peut être seulement une chose laissée au hasard, aux circonstances favorables. Elle est au contraire un choix conscient et un défi permanent » (RFS n°52).

Faire preuve d’une réelle inventivité

Les équipes de vie deviennent des espaces d’enrichissement au plan humain et chrétien. En invitant les séminaristes à découvrir ce lieu d’apprentissage, le Recteur les a exhortés à plus de créativité pour rendre plus vivants ces groupes. Il a insisté, en les engageant, à penser à d’autres occasions qui font grandir l’amitié, comme par exemple ,des rencontres gratuites pour la simple joie d’être ensemble et en cultivant aussi un esprit ludique. Oui, l’appropriation ludique dans les équipes catholiques révèle aussi une intelligence du social. Loin d’être une forme de marginalisation du religieux voire une forme de sécularisation comme beaucoup le pensent, elle est une forme d’inventivité pédagogique. Oui, une culture ludique dans les équipes de vie facilite sûrement ce qu’Emmanuel Mounier relève comme défi qui est la difficile articulation entre l’autonomie de la personne et son insertion dans une communauté.

Certes, actuellement, nous n’avons pas d’autres choix, nous devons nous adapter à la situation présente du troisième millénaire. Oui, cela fait partie du défi des jeunes, membres des mouvements d’action catholique et dont les séminaristes sont les futurs aumôniers. Dès lors, nous devons lutter contre deux tentations, nous dit le pape François dans son exhortation post synodale Christus vivit : « vouloir faire vieillir notre Eglise, la scléroser dans le passé, la figer, l’immobiliser…. ou croire que notre Eglise est jeune parce qu’elle cède à tout ce que le monde lui offre ; croire qu’elle se renouvelle parce qu’elle cache son message et qu’elle imite les autres. Non, notre Eglise est jeune, continue le Pape François, quand elle est elle-même, quand elle reçoit la force toujours nouvelle de la Parole de Dieu, de l’Eucharistie, de la présence du Christ et de la force de son Esprit chaque jour ».

Vous saurez que redécouvrir les équipes de vie comme une compagnie vocationnelle est toujours un défi à relever pour celui qui chemine vers la vocation sacerdotale.

 

Diacre Herbert NDAYIRAGIJE