RECOLLECTION DU MOIS DE JANVIER 2021
Chaque mois l’autorité du Grand Séminaire Saint Jean Paul II prévoit une récollection pour permettre aux séminaristes de se ressourcer spirituellement. C’est dans cette perspective que les séminaristes se sont recueillis aux dates du 8 au 9 du mois de Janvier 2021 guidés par Monsieur l’Abbé Pierre NTAHOMPAGAZE. Le thème central de la retraite était libéré ainsi : « L’obéissance du Christ et de la Vierge Marie, modèle de l’obéissance du disciple ».
Dans son introduction, le prédicateur s’appuyant sur texte de l’Epître aux Hébreux (10, 5-18), les a amenés à considérer l’obéissance du Christ qui a obéi à son Père en venant accomplir sa volonté. C’est un exemple à considérer surtout en ce temps de clôture des deux périodes significatives de concrétisation de cette obéissance du Christ, le temps de l’Avent et celui de Noël. C’est déjà une occasion que le Seigneur offre à chacun, juste au début de l’année pour prendre des décisions utiles pour progresser sur le chemin de la sainteté. Ces deux périodes nous aident à comprendre comment redevenir enfant de Dieu par l’obéissance à l’exemple du Christ. Celui-ci obéit au Père en acceptant de s’incarner, de s’aligner avec les pécheurs au Jourdain pour purifier cette eau qui va ensuite nous purifier, et va encore accepter de souffrir sur la croix. C’est une obéissance totale qui va jusqu’à la mort ; une obéissance qui, comme nous le présente l’Epître de Saint Paul aux Romains, nous a valu le salut, la justice, la droiture et la vie éternelle (Rm 5, 12-21).
1° Qu’est-ce que l’obéissance
L’obéissance est une vertu qui a une valeur fondamentale dans le cadre anthropologique qui se révèle comme un acte de confiance. Elle se définit toujours et partout dans un réseau de relation et de liaison qui s’applique de prime abord à Dieu, aux hommes et à la loi.
Premièrement, l’obéissance à Dieu est celle qui fait que l’homme renie sa volonté propre pour faire ce qui lui est ordonné en Dieu et pour Dieu. Abraham est l’exemple illustre de cette obéissance. Il a pu toujours renier sa propre volonté pour faire ce que Dieu lui a recommandé. En Genèse 12, 1 déjà nous voyons comment il obéit sans hésitation à sa vocation et au chapitre 22, il obéit pour le sacrifice d’Isaac son seul espoir. L’obéissance à Dieu se concrétise à l’attachement à sa volonté qui aboutit à l’acte kénotique à l’instar du Christ (cf. Ph 2, 5-11). En réalité celui qui possède l’obéissance n’a pas peur car il est sur le droit chemin et trouve son aide en Christ.
En deuxième lieu, l’obéissance s’applique aux hommes où le sujet obéit à l’autorité de ses supérieurs pour l’amour de Dieu. Cette obéissance est exprimée à travers le quatrième commandement, le seul lié à une promesse : le prolongement des jours sur terre et être heureux (Dt 5, 16). Donc ce commandement ne concerne pas seulement le rapport enfant-parents mais aussi celui entre des hommes de différentes générations et les relations humaines en générale. Il résume bien les devoirs et les droits entre les hommes. Dans cette perspective nous comprenons que le supérieur est un représentant de Dieu mais non son remplaçant.
En troisième lieu nous avons l’obéissance aux lois à la quelle conduit à fortiori l’obéissance aux supérieurs et aux autorités. Cette obéissance, comme aussi la réception des ordres, est vue aujourd’hui comme fardeau par un bon nombre de gens. L’obéissance est une chose difficile de nos jours. Le prédicateur laisse savoir que cela a été le motif du choix du thème. En effet, quand l’obéissance manque, tous les principes tombent par terre. Même les vœux des professions religieuses en ont comme fondement et quand il manque celui de pauvreté et de chasteté s’évanouissent aussi. Malheureusement, dans le quotidien se remarque ce manque et il est dû principalement au défaut de confiance mais aussi aux mauvaises intentions des sujets. C’est pourquoi une autorité devrait être loyale pour que l’obéissance puisse s’épanouir de plus belle.
2° Les caractéristiques de l’obéissance
Dans tous les cas un vrai chrétien, un vrai candidat au sacerdoce vit et cultive la libre obéissance qui est l’expression de l’amour au lieu de vivre l’obéissance de cadavre ou « l’obéissance aveugle ». C’est un caractère de liberté qui doit motiver cette obéissance. Le père Joseph Kentenich, fondateur de l’œuvre de Schoënstat, nous offre une attitude utile. A un sous-officier de l’armé d’Hitler qui lui contraignait de nettoyer son vélo il dit : « Oui je puis faire cela mais non pas parce que j’y serais contraint, mais plutôt parce qu’en homme libre je peux vous rendre service ». C’est une obéissance qui engage librement la personne et qui a un caractère familiale. Cette obéissance est différente de l’obéissance militaire, qui est une obéissance aveugle. L’obéissance doit être revêtue de responsabilité commune pour être à même de donner la paix. Elle doit être revêtue de franchise, de liberté et de vérité. En réalité l’homme obéissant est pacifique et reconnaît la liberté du prochain et se défend de la nuire. L’obéissant opère ce qu’il y a de mieux et une œuvre accomplie avec obéissance a une valeur considérable. L’obéissance ne nuit pas à l’ordre social, elle crée la paix et l’harmonie dans la communauté. La personne obéissante n’attend pas l’ordre formel et n’a pas de difficultés à s’exécuter.
3° L’obéissance du Christ et de la Vierge Marie
L’esprit du monde actuel n’accueille pas à bras ouverts l’obéissance qu’il voit comme fardeau. Le Christ a obéi au Père en vue de sauver l’homme de la faute originelle. La désobéissance devrait être réparée par l’obéissance. En plus Eve avait provoqué Adam à la désobéissance (Gn 3, 6). Il fallait que la désobéissance de notre première mère puisse être réparée par l’obéissance de notre Nouvelle Mère. En Lc 1, 38 Marie répond par sa foi et par son obéissance : « Je suis la servante du Seigneur qu’il m’advienne selon ta parole ». Ainsi, la désobéissance d’Adam est réparée par l’obéissance du Christ, et la désobéissance et l’incrédulité d’Eve par l’obéissance et la foi de Marie. Cette obéissance du Christ au Père que Marie imite dans la personne de l’Ange est totale, filiale, affectueuse et confiante ; c’est aussi une obéissance simple et humble.
4° L’obéissance et les implications pastorales
A ces caractéristiques de l’obéissance du Christ et de la Vierge Marie il faut modeler notre vie et notre action pastorale. Nous devons obéir à Dieu et à l’autorité légitime religieuse ou civile. En nous soumettant à elle, nous nous soumettons à Dieu. Et il faut une foi éclairée pour voir Dieu dans la personne qui nous commande. Nous devons donc concrétiser dans notre vie pastorale et ministérielle les qualités que nous venons de voir pour le Christ et la Vierge Marie. Une obéissance filiale surtout envers notre évêque ou notre supérieur religieux, simple et humble ce qui doit se réaliser dans la charité pastorale, tout particulièrement pour le futur prêtre, avec l’image de serviteur, pasteur, père et de mère et qui produit la fécondité pastorale.
Par HAKIZIMANA Janvier