LE PASSE DOULOUREUX, ECOLE DE RECONCILIATION

 LE PASSE  DOULOUREUX,  ECOLE DE RECONCILIATION

«Mais si vous ne pardonnez pas aux autres les péchés qu’ils ont commis, votre Père ne pardonnera non plus vos péchés» (Mt 6,15). La Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP) du Diocèse de BUBANZA en union avec la Commission Episcopale Justice et Paix (CEJP), en dates du 28 et 29 Juillet 2020, a organisé deux ateliers de formation dans deux paroisses (Bubanza et Gihanga) du Diocèse de BUBANZA.

Le thème exploité partout était : « Le passe douloureux école de réconciliation ». Les groupes cibles baptisés « groupes porteurs » de cet atelier étaient des leaders communautaires choisis dans différentes couches de la société dans les deux Paroisses, entre autre certains adeptes des religions non catholiques, certains catholiques, certains administratifs à la base et j’en passe. Le consultant était Monsieur l’Abbé Dieudonné NIYIBIZI, de l’Archidiocèse de Bujumbura.

Partant de ce thème, l’Abbé Dieudonné a parlé, beaucoup plus, de la dignité de l’homme depuis sa conception : «L’homme naît innocent, ne connaissant pas où il est, ses parents, ce qu’ils sont, ce qu’ils ont fait, leurs pensées, leur ethnie, leur parti politique etc. L’homme est fait de l’esprit et du corps et veut bien vivre, être respecté, honoré, avoir une habitation digne, etc. Mais force est de constater que cet homme peut être intérieurement blessé et vivre longtemps avec ces blessures morales qu’il a accumulées au cours de son histoire. Néanmoins, l’homme peut être guéri de ces blessures ou vivre avec elles. Ce qui arrive à l’homme le transforme progressivement». Ainsi introduisait l’Abbé Dieudonné NIYIBIZI.

Selon le consultant, anthropologiquement, un mauvais passé rend l’homme insensé, l’angoisse le fait vieillir précocement, le trouble, l’empêche la liberté intérieure, etc. et parfois ne comprend pas que les autres auraient souffert comme lui.

Au niveau socio-politique, l’homme d’un passé douloureux se caractérise par trop de colère, de haine, de vengeance, d’accusation, de peur des tueries, la non confiance, etc.

Au niveau religieux, l’homme blessé par le passé, ne pardonne pas, n’accepte pas son confrère, ne comprend pas le sens de la croix dans sa vie, les bienfaits de Dieu ne lui parviennent pas, etc. La victime d’un mauvais passé survalorise son passé à cause de la souffrance qu’il a vécu et minimise la souffrance des autres (oblitération du passé).

Après cette analyse profonde, l’Abbé Dieudonné a proposé la voie de sortie :

 Se mettre à l’esprit que les autres ont souffert comme toi, même plus et qu’on doit les écouter.
 Que la vengeance ne trouve pas la solution, mais par contre aggrave la situation.
 Faire un bon exercice de faire du bien aux nécessiteux d’une autre ethnie.
 Se souvenir de son passé et en raconter souvent aux autres.
 Ecouter le témoignage de ceux qui t’ont fait souffrir.
 Se rendre sur les lieux du drame.
 Faire le deuil et la levée de deuil.
 Ensevelir dignement les reliques des victimes primaires (les morts).

Il a ensuite rappelé qu’il ne faut pas craindre le passé, mauvais qu’il soit. Par contre, il faut l’assumer et le vivre. Car, c’est en ce moment que la victime pourra retrouver la force physique et morale, parvenir à une vraie réconciliation, construire la nation ensemble, préparer un avenir des siens et prendre une décision définitive.

L’Abbé Dieudonné a conclu son exposé sur un appel à ces deux groupes porteurs de Bubanza et de Gihanga de se débarrasser de leurs blessures du passé en premier lieu afin d’aider les autres à dépasser leur passé obscur.

Rappelons que la parole de Dieu guide dans ces deux ateliers était tirée dans l’Evangile selon Saint Matthieu 6, 15: « Mais si vous ne pardonnez pas aux autres les péchés qu’ils ont commis, votre Père ne pardonnera non plus vos péchés ».

 

Emmanuel HAVYARIMANA- BUBANZA