Message de la Conférence des Évêques Catholiques du Burundi en vue de raviver l'esprit missionnaire des fidèles chrétiens
« Tout baptisé est un envoyé ». Pour aider les fidèles de l’Eglise du Burundi à mieux célébrer le mois missionnaire extraordinaire institué par le Pape François et ainsi commémorer le centenaire de la promulgation de la Lettre apostolique Maximum illud du Pape Benoît XV, l’Eglise du Burundi a entrepris plusieurs initiatives tant au niveau national que diocésain.
Parmi les initiatives prises, la Conférence Episcopale a élaboré un message qui sera proclamé pendant les messes dominicales du 29 septembre 2019. C’est un message qui a pour but de raviver l’esprit missionnaire des fidèles. Voici l’intégralité de ce message :
MESSAGE DE LA CONFERENCE DES EVEQUES CATHOLIQUES DU BURUNDI
EN VUE DE RAVIVER L’ESPRIT MISSIONNAIRE DES FIDELES CHRETIENS
« Tout baptisé est un envoyé »
Chers frères et soeurs dans la foi, « La paix de Jésus Christ, Missionnaire de Dieu le Père, soit avec vous ». Nous vous souhaitons également de raviver en vous l’esprit missionnaire pour que le Christ soit partout annoncé.
Préliminaires
1. Le mois d’octobre de cette année est un mois missionnaire extraordinaire que le Pape François a établi afin que nous puissions commémorer le centenaire de la promulgation de la Lettre apostolique Maximum illud du Pape Benoît XV (30 novembre 1919) concernant la mission. Ainsi, au début de ce mois, Nous, Vos Pasteurs, comme Successeurs des Apôtres chargés de poursuivre leur mission, venons vous interpeller pour que nous puissions répondre tous à cet appel que le Pape nous lance, et vivre selon notre baptême, en nous dépensant pour que l’Evangile soit partout annoncé, et que nous ayons même beaucoup de missionnaires à envoyer annoncer l’Evangile auprès de ceux qui ne l’ont pas encore connu.
« Bonne Nouvelle d’une grande joie pour tous » (Lc 2,10)
2. La Bonne Nouvelle que nous devons annoncer à tous n’est pas une nouvelle quelconque, mais il s’agit d’une Bonne Nouvelle que nous vous annonçons en rendant témoignage comme Saint Jean l’Apôtre, en disant : « ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie […], nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous […] pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 1…4).
3. Notre joie devient parfaite parce que ceux à qui nous avons annoncé la Bonne Nouvelle et qui l’ont accueillie reçoivent le salut. De fait, cette Bonne Nouvelle, c’est Jésus « L’Emmanuel » (Mt 21, 21). C’est Lui le chemin qui mène vers la joie véritable. Quiconque le connaît, croit en Lui et se met à sa suite, est sauvé car : « aucun autre nom sous le ciel n’a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés », si ce n’est Jésus (Ac 4, 12). Telle est la Bonne Nouvelle parmi les hommes. « Dieu sauve et il est venu habiter parmi nous ». « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix » (Phil 2, 6-8). Il est mort et il a été enseveli mais le troisième jour il est ressuscité, de cette manière il a montré qu’il a vaincu tout mal et la mort. Il s’est montré aux siens pendant plusieurs jours, est monté aux cieux dans la gloire de Dieu le Père, a envoyé aux siens l’Esprit Saint qui a assuré la communion avec Lui et leur a permis de vaincre la peur et de commencer à rendre témoignage de sa mort et de sa résurrection. De fait, avant son ascension au ciel, il leur avait dit ceci : « Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Il est donc parti après avoir envoyé ceux qui l’avaient déjà connu pour aller dans le monde entier, proclamer cette Bonne Nouvelle, pour qu’à son retour, il trouve que tous les hommes l’aient déjà connu même s’ils auraient refusé d’accueillir son salut.
Ceux qui l’ont connu sont envoyés en mission pour l’annoncer aux autres
4. Depuis les premiers Apôtres, ceux qui l’ont connu et ont cru en Lui se sont répandus dans toutes les nations en proclamant la Bonne Nouvelle. Des fois ils ont été persécutés, hais, battus, mis à mort. Mais ils gardaient le courage, l’espérance et la joie d’être les messagers du salut et étaient encouragés par sa Parole qui dit ceci : « vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie » (Jn 16, 20).
5. Ils sont arrivés même jusque chez nous, annonçant la Bonne Nouvelle, ceux qui l’ont accueillie sont devenus disciples et missionnaires de Jésus. Même ici la tâche ne leur a pas été facile. Ils ont abandonné leurs familles et sont venus sans savoir où ils allaient, sans savoir s’ils allaient arriver, sans savoir ce qu’ils allaient rencontrer, sans savoir non plus s’ils allaient revoir les leurs. Ils n’avaient pas de téléphone comme aujourd’hui, ils ne voyageaient pas par avion comme aujourd’hui, il n’y avait pas de progrès en médecine comme aujourd’hui. Beaucoup parmi eux sont tombés malades et en sont morts, d’autres ont été dévorés par des animaux, d’autres ont été noyés dans des eaux des rivières et des mers qu’ils traversaient par bateau, d’autres encore ont été assassinés. Dans tout cela, ils ne cherchaient rien d’autre que d’accomplir le mandat missionnaire que le Seigneur a donné à ses Apôtres : « Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création » (Mc 16,20). Ils n’étaient pas venus pour chercher des richesses, non plus pour conquérir des territoires. Ils étaient venus pour nous enrichir avec le nom de Jésus qui sauve, et de nous faire entrer dans le peuple de Dieu. Ils étaient animés par l’amour et la compassion envers tout être humain surtout celui qui n’avait pas encore connu son Sauveur.
6. Nous sommes très reconnaissants envers ces hérauts de l’Evangile, qui ont fait de nous des disciples et des compagnons de Jésus en nous annonçant son Evangile, en nous apprenant la foi et les commandements de Dieu, en nous préparant aux sacrements et en nous apprenant à témoigner de l’amour du Christ. Nous sommes aussi reconnaissants pour le rôle spécifique qu’ils ont joué dans le domaine social et du développement surtout dans la construction des dispensaires et des hôpitaux, des écoles, des routes et des églises. Nous apprécions leur effort d’apprendre la langue et nos mœurs, pour les connaître et ainsi nous connaître, les purifier, les élever et les faire progresser. Il est vrai qu’il y a des choses qui leur ont échappé parce qu’eux-mêmes ne savaient pas tout. Il y a un niveau qu’ils n’ont pas pu atteindre parce qu’ils avaient des limites. Dans ces limites, au lieu de voir un échec, nous devons y voir notre mission. De fait, ils ne sont pas venus nous servir sans notre participation, ils ne sont pas venus non plus nous faire travailler sans leur participation, ils sont venus travailler ensemble avec nous, pour qu’à la fin de leur mission, nous puissions poursuivre l’œuvre commencée. De cette manière, le voyage qui les a amenés jusqu’à nous, à notre tour, nous conduit jusqu’aux pays qui n’ont pas encore connu le Sauveur Jésus Christ.
7. La Bonne Nouvelle de Jésus qu’on nous a annoncée et que nous sommes appelés à annoncer ne change pas, parce que « Jésus Christ est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais » (He 13,8). Toutefois, les régions, les époques, les cultures et les mentalités des peuples changent, mêmes les personnes changent. C’est pour cela que nous devons régulièrement renouveler nos méthodes d’annoncer l’Evangile. L’Evangile reste le même mais la manière dont il s’annonçait hier n’est pas la même que celle d’aujourd’hui, la manière dont nous l’annonçons ici n’est pas la même que celle pour l’annoncer là-bas. C’est pourquoi le Pape François nous interpelle pour renouveler la mission d’annoncer l’Evangile dans les circonstances actuelles, après avoir rappelé l’origine de la Lettre Apostolique Maximum illud ci-haut mentionnée du Pape Benoît XV, du 30 novembre 1919, concernant la mission.
Origine de la Lettre Apostolique « Maximum illud » du Pape Benoît XV
8. C’était après la Première Guerre Mondiale. A cette époque, les missionnaires provenant de l’Allemagne vaincue n’étaient pas bien appréciés dans les pays dominés par ceux qui avaient vaincu la Guerre. Parmi certains missionnaires, il s’est manifesté un esprit de mettre en avant l’intérêt de leurs pays de provenance au lieu de la mission d’annoncer l’Evangile. Cela n’a pas plu du tout au Pape Benoît XV et cette situation s’est ajoutée à son souci pour l’avenir des Eglises de mission où les prêtres indigènes pour prêcher l’Evangile étaient très peu nombreux, eux-mêmes n’ayant aucun rôle dans l’organisation de l’Eglise implantée chez eux, et étaient considérés comme encore jeunes. A cette époque, il n’y avait même pas encore eu d’Evêque nommé originaire de ces nouvelles Eglises.
9. Toutes ces situations sont parmi les raisons qui ont poussé le Pape Benoît XV à rédiger la Lettre Apostolique « Maximum illud » destinée avant tout aux responsables des missions sans toutefois oublier les missionnaires eux-mêmes et tous les fidèles, afin de raviver en eux l’esprit missionnaire pour que l’Evangile soit annoncé partout et comme tel. Il a commencé par rappeler que la grande mission et sublime mission que Jésus Christ a confié à Saint Pierre et à ses frères d’aller proclamer l’Evangile à tous en commençant par Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre ne s’est pas achevée avec leur mort. C’est une mission qui se poursuit jusqu’à la fin des temps. Partout où se trouve l’Eglise, elle est là pour annoncer l’Evangile. C’est sa nature.
10. Le Pape demande aux Missionnaires de ne pas mélanger ou confondre les intérêts des pays de leur provenance et la mission d’annoncer l’Evangile. Il les exhorte de la manière suivante: « souvenez-vous que vous ne devez pas propager le règne des hommes mais celui du Christ et ne pas ajouter des citoyens à la patrie terrestre, mais à la patrie céleste ». Il poursuit en demandant aux missionnaires d’être marqué par la sainteté et les bonnes œuvres et demande à tous les fidèles catholiques de les soutenir par la prière et les moyens matériels.
11. Autre chose que le Pape demande à ceux qui président aux Missions, c’est-à-dire les Eveques, les Vicaires et Préfets Apostoliques, c’est d’agir ensemble, et ceux qui sont plus proches dans les territoires limitrophes devront se concerter et s’entraider dans l’activité missionnaire . Il les interpelle aussi à préparer les prêtres indigènes à prendre en charge la gestion des affaires de leur Eglise car, un Apôtre qui connaît bien l’attitude, le langage, les moeurs des destinataires de l’Evangile, c’est lui qui sait comment les aider à faire pénétrer le ferment de l’Evangile dans toute leur vie. Le Pape leur demande également de susciter parmi les jeunes autochtones des vocations missionnaires. C’est sur cet enseignement du Pape Benoît XV que le Pape François se base pour inviter tous les fidèles « à une nouvelle étape évangélisatrice » (Evangelii gaudium, n.1) .
Faisons un autre pas dans l’exercice de la mission d’annoncer l’Evangile
12. Le Pape François, considérant les temps actuels déchirés par des guerres , trouve dans le domaine politique et social, qu’il y a encore des divisions entre les gens, fondées sur leurs différences ainsi que des conflits. Au sein de l’Eglise, le Pape trouve une ferméture dans nos habitudes, parmi elles se trouvent des structures et des méthodes pastorales qui ne sont pas favorables à la pastorale missionnaire. C’est pourquoi il demande que l’Eglise sorte et qu’elle quitte la maison pour aller au-delà des frontières de ceux qui ont la même foi et les mêmes pensées, des régions et des pays; afin que la mission soit ouverte partout et pour tous (cf. Evagelii gaudium, n.27) . De fait, il y a encore dans le monde beaucoup de gens qui ont besoin qu’on leur montre et qu’on leur apprenne l’amour dont Dieu les aime. Dans l’Eglise, on a besoin d’un nouvel élan, d’une nouvelle volonté et d’une nouvelle espérance dans la pastorale missionnaire. Nous avons besoin des missionnaires qui sont intimement unis au Christ, marqués par la sainteté et le zèle pastoral. Nous avons besoin de nous détacher pour ne pas rester attaché à nos habitudes et tourner notre regard vers les autres, nous préoccuper pour que tous reçoivent et se tournent sans cesse vers l’Evangile. Le Pape François nous exhorte: « Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation… Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ. […] Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ. […] nous sommes " disciples-missionnaires" » (Evangelii gaudium, n.120).
« Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile » (1Co 9,16)
13. Dans ce message, Nous, Vos Pasteurs, lançons un appel à vous tous pour vous engager à vivre selon cette dignité. Ceux qui sont venus nous annoncer l’Evangile ont accompli leur mission. C’est à nous aujourd’hui qu’incombe le devoir d’enraciner la Bonne Nouvelle de Jésus Christ dans la vie des Burundais, en faisant grandir l’Eglise jusqu’à sa maturité. Nous rendons grâce à Dieu parce que notre Eglise a déjà envoyé en mission dans d’autres pays, certains parmi ses fils et filles. Mais il faut entendre que nous devons augmenter l’effectif de ceux que nous envoyons en mission dans d’autres pays en soutenant leur mission par des moyens matériels et par la prière. C’est effectivement cela qui manifetse qu’une Eglise a atteint sa maturité partout où elle se trouve. Nous vous invitons donc tous à soutenir les Oeuvres Pontificales Missionnaires: l’Œuvre Pontificale Missionnaire de la Propagation de la Foi, l’Œuvre Pontificale Missionnaire de Saint Pierre Apôtre, l’Œuvre Pontificale Missionnaire de la Sainte Enfance, l’Union Pontificale Missionnaire. Ces quatre Œuvres Pontificales Missionnaires sont des piliers pour raviver et soutenir l’esprit missionnaire.
14. Comme le Pape François nous l’a indiqué dans son Message de la Journée mondiale des Missions de 2016, « Chaque peuple et chaque culture ont le droit de recevoir le message du salut qui est don de Dieu pour tous. Cela est d’autant plus nécessaire si nous considérons combien d’injustices, de guerres, de crises humanitaires attendent aujourd’hui de trouver une solution. Les missionnaires savent par expérience que l’Évangile du pardon et de la miséricorde peut apporter la joie et la réconciliation, la justice et la paix. Le mandat de l’Évangile, “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit” (Mt 28,19-20) ne s’est pas achevé. Au contraire, il nous engage tous, dans les scénarios présents et les défis actuels, à nous sentir appelés à une “sortie” missionnaire renouvelée » (Journée mondiale des Missions, 2016).
Conclusion
15. Ne soyons donc pas des spectateurs, soyons plutôt des missionnaires ensemble avec la Vierge Marie, Etoile des Missionnaires et Reine des Apôtres, puisque c’est notre dignité que nous avons reçue dans notre Baptême.
Fait à Bujumbura, le 13 septembre 2019.
Signé : Vos Evêques de l’Eglise Catholique du Burundi.
NB : Le présent texte est la traduction officielle de l’original en kirundi.
* Ce Message sera proclamé pendant les messes du Dimanche, le 29 septembre 2019.
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