MESSAGE DE LA CONFERENCE DES EVEQUES CATHOLIQUES DU BURUNDI SUR LA PROMOTION DE LA PASTORALE DU MARIAGE ET DE LA FAMILLE

« Engageons-nous dans la pastorale du mariage et de la famille afin que le foyer chrétien soit Église domestique et agent de l’évangélisation »

Chers frères et sœurs dans la Foi,
Vous tous, bien-aimés de Dieu,

1. Nous, Pasteurs de l’Église Catholique au Burundi, nous vous saluons en vous souhaitant la Paix de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous venons rappeler qu’au mois de mars de cette année, nous avons souhaité que cette année dédiée à la Famille soit une occasion de raviver partout et chez tout le monde le souci de s’engager afin que la Famille soit réellement église domestique toujours prête à annoncer aux autres la Bonne Nouvelle (cf. Communiqué des Évêques Catholique du Burundi à propos de l’année de la Famille, Mars 2021). Dans ce souci, nous devons nous inspirer de l’exemple de Saint Joseph, Protecteur de la Sainte Famille de Nazareth comme le Saint-Père l’a souhaité en décrétant l’Année « Famille, Amoris laetitia » le jour même de la fête de Saint Joseph. Si, en nous inspirant de son exemple, nous faisons de la pastorale de la Famille une préoccupation commune et forte, nous pourrons bien célébrer le jubilé des 125 ans de l’évangélisation du Burundi qui s’accompliront en 2023.

L’Enseignement Chrétien sur la Famille est réellement Bonne Nouvelle

2. Le mariage et la famille n’ont été établis ni par les hommes ni par la hiérarchie de l’Église, mais il s’agit du dessein de Dieu lui-même qui dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je veux lui faire une aide semblable à lui […]. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils ne feront qu’une seule chair » (Gn 2, 18.24). A sa venue, Jésus Fils de Dieu a renforcé cette idée en déclarant : « Ils ne seront plus deux mais une seule chair. Que l’homme ne sépare pas ceux que Dieu a unis » (Mt 19, 6).

3. Tout ménage donc doit être fondé selon le dessein de Dieu. Tel est l’enseignement dont témoigne Tobie qui épouse sa sœur non pour satisfaire sa passion, mais pour fonder un foyer qui bénira le Seigneur pour toujours (cf. Tob 8, 5-9).

4. Les Saintes Ecritures nous disent que la famille est comme une école où les parents apprennent à leurs enfants à cultiver la relation avec Dieu (cf. Dt 6, 20-25 ; Ps 78, 3-6). Jésus lui-même a fait de la Famille le lieu de l’annonce de la Bonne Nouvelle : par exemple, quand il a visité la famille de Lazare, Marthe et Marie (cf. Lc 10, 38-41) ou quand il a été accueilli dans la maison de Mathieu (cf. Mt 9, 10). Toute famille qui fait de Jésus-Christ le fondement de sa vie, en vertu du sacrement de mariage qu’ont célébré les conjoints, a de ce fait une identité particulière.

L’identité de la famille Église domestique dans l’exhortation apostolique post-synodale « Amoris laetitia »

5. Comme notre Saint-Père nous l’a enseigné, l’identité de la famille, Eglise domestique, découle de l’unité inaltérable de la Sainte Trinité, le Père et le Fils et le Saint Esprit. Chacune des Personnes de la Trinité a ses attributs propres. Donc, le Père n’est ni le Fils ni le Saint Esprit, le Fils n’est ni le Père ni le Saint Esprit, et le Saint Esprit n’est ni le Père ni le Fils. Ce sont trois Personnes distinctes, mais qui constituent un seul Dieu en vertu de la même nature divine qui leur est commune. Il en est de même pour les époux, qui malgré leurs différences multiformes, constituent une seule chair en vertu de l’amour qui les unit (cf. Mt 19,3-6 ; Mc 10,6-9). « Le Dieu Trinité est Communion d’Amour, et la Famille est son reflet vivant » (Amoris laetitia, n. 11).

6. Le Concile Vatican II souligne l’enracinement des époux dans le Christ (Gaudium et spes, n. 48): ils sont comme consacrés et, par une grâce spécifique, ils édifient le Corps du Christ et constituent une Église domestique (cf. Lumen gentium, n. 11). L’amour conjugal est un instrument dont Dieu se sert pour créer et éduquer; il donne de la saveur à la vie et devient pour d’autres couples un exemple de l’unité qui émane de la Sainte Trinité. Du même coup, il est investi de la mission de promouvoir cette unité entre les hommes. Le Pape Saint Jean-Paul II, quant à lui, affirme de manière particulière que les époux, dans leur amour mutuel, reçoivent le don de l’Esprit du Christ et vivent leur appel à la sainteté (cf. Familiaris consortio, n. 13). C’est dans cette perspective, le Pape François affirme que «la famille est la première école des valeurs, où on apprend à exercer correctement la liberté » (Amoris laetitia, n.274). Il ajoute même que la famille chrétienne est appelée à s’efforcer de transmettre la foi aux enfants, et ainsi s’avérer évangélisatrice (cf. Amoris laetitia, n. 289). La famille a donc un rôle irremplaçable dans la mission d’évangélisation. A l’instar de Saint Joseph au sein de la Sainte famille de Nazareth, elle est déterminante dans cette mission.

L’exemple de Saint Joseph dans la Sainte famille de Nazareth

7. Le 8 Décembre 2020, Sa Sainteté le Pape François a décrété une année dédiée à Saint Joseph. Il y a donc du temps que nous contemplons la mission de Saint Joseph, homme sage et obéissant à la volonté de Dieu, homme droit et juste au la Sainte Famille de Nazareth (cf. Lc 2, 22.27.39).

8. Cette obéissance s’est concrétisée dans l’accueil et l’accomplissement de la volonté de Dieu. Bien qu’il eut déjà décidé de renoncer discrètement au mariage avec Marie, Joseph l’a finalement pris chez lui, suite à l’apparition de l’ange; il a vécu en époux avec elle, sans la connaitre, et ensemble ils ont éduqué l’Enfant jusqu’à maturité (cf. Mt 1, 24-25).

9. Ce saint s’est distingué par le souci de prendre soin de la vie et de la protéger avec un amour plein de tendresse, de courage et de bravoure. Pour ce faire, il a fallu qu’il protège l’enfant et sa mère de multiples dangers liés, par exemple, à la fuite en Egypte et à leur prise en charge là-bas pendant le temps qu’il a fallu, à la recherche de l’enfant perdu (cf. Lc 2, 41-51). En affrontant toutes ces épreuves dans le silence, sans ressentiment ni lamentation, Joseph a illustré de cette façon que, dans le dessein de Dieu, les familles doivent lui obéir, éduquer pour lui et protéger la vie humaine dès sa conception (cf. Lettre apostolique Patris corde du Saint Père François à l’occasion du 150ème anniversaire de la déclaration de saint joseph comme patron de l’église universelle).

10. En outre, Saint Joseph s’est distingué par sa cohérence et son sens de la relation juste avec Dieu, en lui restant toujours fidèle, en affrontant les difficultés avec calme, en protégeant la dignité de Marie alors qu’il ignorait encore l’origine de sa grossesse, en portant le souci de pourvoir aux besoins de la Sainte Famille. Il est donc juste que les époux voient en ces vertus de Saint Joseph le bon exemple à suivre et le comportement modèle à imiter dans la recherche des solutions aux problèmes de leur vie quotidienne.

Ce qu’il faut faire pour affermir les ménages chrétiens

11. Avant de préciser nos priorités d’action à partir de cette année dédiée à la famille, permettez-nous de vous rappeler d’abord certains des défis qui, à notre avis, s’érigent devant le mariage et la famille. Il y a la préparation insuffisante au mariage chrétien, le relâchement dans l’éducation des enfants, le manque du souci pour le bien de l’autre entre les époux, l’effritement de l’amour conjugal, le concubinage, les unions illégitimes, la mutation et l’effritement des mœurs, l’ivrognerie et consommation de la drogue, la débauche, la paresse et la délinquance, la gourmandise et le gaspillage, la négligence du dialogue, l’inconduite de certains hommes qui usent de la violence pour dominer, ou de certaines femmes qui sous prétexte de l’émancipation veulent se venger de la domination des hommes, le non-respect de la dignité de la femme, l’apostasie éhontée due à la cupidité ou à la crise d’identité provoquée par la supercherie des faussaires qui profitent des situations de détresse dans lesquelles se trouvent les gens. (cf. Le mariage chrétien. Directoire du mariage et de la famille pour les Diocèses catholiques du Burundi, nn. 16-26).

12. En plus de ces défis, nous avons constaté qu’il y a aussi divers fléaux qui menacent la famille. Il s’agit entre autres de : les blessures de la guerre, les divisions, les épidémies, la pauvreté, les soupçons de sorcellerie et les croyances occultes, les doctrines semant la confusion dans les ménages, lesquelles puisent dans les idées de la nouvelle éthique mondiale, inoculées à la faveur de la prolifération des nouveaux mouvements religieux et de certaines ONGs qui œuvrent sous le voile de la philanthropie alors qu’en réalité elles détruisent la jeunesse et la famille, et certains gouvernements coulent même ces idées dans les lois qu’ils promulguent (cf. Le mariage chretien. Directoire du mariage et de la famille pour les Diocèses catholiques du Burundi, nn 27-33).

13. Que faire alors pour que les familles recouvrent leur dignité et leur identité chrétienne?

1) Enseigner intégralement et approfondir l’Exhortation apostolique Amoris Laetitia: nous demandons aux prêtres, et à tous leurs collaborateurs dans la pastorale familiale de faire arriver à tout le monde l’enseignement de cette Exhortation.

2) Mettre en application le contenu du Directoire du mariage et de la famille pour les Diocèses catholiques du Burundi. D’ores et déjà, nous nous engageons à entreprendre la tâche de vous faire parvenir les directives sur la mise en application du contenu de ce document.

3) Éduquer les jeunes, depuis le bas âge jusqu’à ce qu’ils deviennent majeurs, au sens de la vocation et de l’engagement au mariage pour que personne ne le contracte plus à la légère ou sans préparation sérieuse (cf. Amoris laetitia, nn. 259-290)

4) Accompagner les familles en difficultés. Nous demandons à tous les intervenants dans la pastorale familiale de soutenir, discerner, accueillir et accompagner les époux en situations de faiblesse (cf. Amoris laetitia, nn. 291-312) ou de difficultés menaçant la fidélité à leur engagement.

5) Renforcer la vulgarisation des méthodes de planification familiale naturelle (PFN). Nous réitérons notre appel à toutes les familles chrétiennes en âge de procréation de continuer à accueillir fidèlement l’enseignement théorique et pratique sur les méthodes naturelles de régulation des naissances, conforme à la volonté de Dieu.

6) Ériger et renforcer les tribunaux ecclésiastiques diocésains spéciaux pour les causes matrimoniales. Pour panser les cœurs blessés et défendre la dignité du sacrement du mariage, nous demandons à nos tribunaux déjà érigés de redoubler d’effort pour traiter avec célérité les causes matrimoniales qui leur sont confiées et pour que la procédure et les enquêtes y relatives ne pèsent pas lourdement sur les parties.

CONCLUSION

14. Étant donné que nous sommes actuellement dans la phase diocésaine du processus du Synode des Évêques, que les autres activités soient déterminées au niveau de chaque diocèse, de telle manière que les uns et les autres nous ayons une réalisation souvenir de la célébration de cette année dédiée à la famille. Cela fait, il ne nous restera plus qu’à nous unir à l’Église universelle dans la Xème rencontre mondiale des familles qui aura lieu à Rome du 22 au 26 juin 2022 et qui clôturera cette année dédiée à la famille. Les conclusions de cette rencontre mondiale, quant à elles, nous aideront à promouvoir la famille, Église domestique, pour qu’elle soit pour nous le point d’appui dans l’œuvre de l’évangélisation et de la préparation à la célébration du Jubilé de 125 ans depuis la proclamation de l’Évangile a débuté au Burundi.

15. Nous terminons en vous confiant à la protection de la Sainte famille de Nazareth et en vous souhaitant une bonne préparation à fêter la naissance du Fils de Dieu, le Prince de la Paix.

 

Fait à Bujumbura, le 10 Novembre 2021
Les Évêques membres de la CECAB
[Traduction de l’original en kirundi]

NB: Que ce Message soit lu, à la place de l’homélie, pendant les Messes du premier dimanche de l’Avent, le 28/11/2021.